samedi, septembre 02, 2006

La chanson d'Ebaras

Les jours tristes peuvent revenir, et l'histoire est remplie de peuples tués par leur absence de mémoire.


Ce matin-là, Ebaras le Maître-Mot arriva enfin aux portes de Manguo, la ville reine de la planète Hulari.

La route avait été longue, pour cette homme qui revenait de l'Anneau des Dieux. Ebaras était fatigué.Il releva un pan de sa cape d'Elasil, et s'en essuya le front. Son chameau de course, Békomé, était lui-même épuisé. Ils avaient parcouru plus de deux mille lieues depuis le début de la quête d'Ebaras.

Une fois l'animal agenouillé, Ebaras mit pied à terre doucement. Ses muscles étaient raides. Il regarda derrière lui : ses deux compagnons, Qekiko et Tumanu, arrivaient enfin, fourbus. Tout deux assis sur le petit cheval d'Ebaras.

Qekiko s'approcha d'Ebaras, pendant que Tumanu, la femme des Hauts Sommets, partait faire un brin de toilette dans un ruisseau tout proche. Quand elle revint, le tout petit brin d'homme à la douce fourrure était couché par terre, buvant les paroles d'Ebaras.

- "Tu dis qu'il est construit comment, le monde?"

Qekiko, ses oreilles rondes orientées vers Ebaras, levait le nez d'un air admiratif.

Il buvait les paroles de l'aventurier rencontré il y avait de cela quelques jours, dans une auberge de Tuillié, quelques trente lieues avant les murailles de Manguo.

- "Hulari a la forme d'une bague, Qekiko. Et c'est pour l'honorer que nous portons à nos doigts sa reproduction fidèle. Hulari est comme une pyramide de diamant perché sur l'Anneau des Dieux, qui renouvelle et entretient sa force. C'est cet anneau qui reprend et donne des âmes à Hulari, dans un mouvement centrifuge constant."

- "Et que faisons nous sur la pyramide?"

- "Notre rôle est de vivre, chercher et apprendre pour elle. De la consolider, jusqu'à ce que la pointe en soit si aigüe et la base si solide qu'elle en devienne immortelle. Nous sommes les architectes de notre futur".

Et Ebaras, se drapant dans sa cape d'Elasil en riant, partit en courant vers l'entrée de la ville. Il était six heures. Les portes allaient fermer.

Aucun commentaire: